- Enfin Marie de Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare.

 Jésus est accueilli dans la maison de Marthe à Béthanie (Luc 10,38-42).

 Marie laisse Marthe s'affairer au service. Elle est assise aux pieds du Maître et écoute ses paroles.

" Elle a choisi la meilleure part," dit Jésus (Luc 10,42) qui proclamera quelques versets plus loin : "Bienheureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique." (Luc 11,28) Écoute. En d'autres termes : tais-toi pour entendre l'autre.

Tableau de David Lindsley

Marie s'installe aux pieds de Jésus : c'est une place inattendue pour une femme de cette époque. Elle fait un choix, se moquant du qu'en-dira-t-on. Elle est libre, libre par rapport à sa sœur, libre par rapport aux usages de ce temps, libre par rapport aux contingences matérielles - en ce cas-là, l'obligation d'aider sa sœur,-  libre par rapport aux hommes. Elle est libre et choisit d'être choisie.

Il ne s'agit pas de contempler. On a trop souvent évoqué l'image de Marie de Béthanie pour opposer action et contemplation. Il s'agit d'écouter.

Marthe

Regardons un moment Marthe. Nous reviendrons ensuite à Marie.

Jésus portait beaucoup d'affection à Marie, Marthe et Lazare. Leur maison était un des rares endroits où il venait se reposer et éprouvait ce bonheur paisible de l'entente et de l'amitié. Il aimait donc Marthe autant que Marie.

Marthe est la maîtresse de maison. C'est elle qui accueille Jésus et pourvoit à ses nécessités. Nul doute qu'elle cherche par tous les moyens à faire plaisir à Jésus. Elle s'affaire donc à un service compliqué. Marthe s'agite, se disperse, se sent débordée. Elle voudrait que tout soit parfait. Elle en devient esclave, le subit comme un devoir, soucieuse du regard des autres, de sa réputation de maîtresse de maison. Pourtant, au fond d'elle, elle souhaiterait tout faire par amour. Elle s'adresse directement à Jésus pour trouver en lui plus qu'un soutien, une caution, une reconnaissance dans le personnage, l'image idéalisée qu'elle s'est forgée. Marthe met en cause le comportement de Jésus qui n'a pas l'air de remarquer son travail. Elle est frustrée et jalouse de Marie. Elle voudrait peut-être la remplacer aux pieds de Jésus. Elle envie ce que Marie vit. Elle étouffe son aspiration à être. Elle existe dans le faire et en conçoit de l'amertume. Elle se croit moins aimée et victime.

Jésus ramène à la personne : il l'appelle Marthe par deus fois. Pour lui permettre de ne plus s'identifier à sa fonction mais à ce qu'elle est, à son" identité " profonde. Il lui rappelle ainsi qu'elle est autant aimée, qu'elle a du prix. Mais à elle seule, il appartient de choisir sa vie, personne ne pourra poser cet acte à sa place. Choisir sa vie telle qu'elle est. Il l'aide à mettre en lumière son manque essentiel, sa véritable quête. " Marthe ". Par ce nom, il lui donne de devenir un être à part erntière.

Marie de Béthanie

Marie représente l'autre volet de l'accueil. Elle est celle qui reçoit le Maître, quant à sa pensée, dans son message, dans ce qu'il a de plus profond. Assise aux pieds deJésus, elle se laisse pénétrer de la vérité divine. Qu'y a t'il de plus gratifiant pour un homme - et Jésus en est un - que de se voir compris dans ce qu'il a de plus intime et de plus précieux à délivrer ? De voir sa pensée la plus chère réfléchie par un visage attentif et aimant qui comprend à la mesure de son amour ? Marie de Béthanie est le modèle du coeur qui écoute. " Écoute, ma fille, regarde et tend l'oreille. Et ton Seigneur sera séduit par ta beauté." (Psaume 45)

Toutes deux nous invitent à passer de l'agir à l'être parce que seul l'être est fécond.

La femme a un rôle indispensable d'éducatrice, non pas d'abord par celui de l'agir mais par celui de l'être. Marthe et Marie nous posent la question de Shakespeare : Être ou ne pas être.

La femme est l'éducatrice de l'homme. Sa mission est de le conduire te l'éduquer. Elle est infidèle à elle-même et au monde si, dans un univers qui se vide graduellement du mystère et du sacré, elle devient l'élève de celui qu'elle a mission de conduire et d'éduquer. Le monde est en mal de fécondité intérieure. Que la femme ne laisse pas le rentable et le performant prendre le pas sur la fécondité de l'être.

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