• Samedi Saint

    Les cloches se sont tues.

    Les autels sont nus.

    Le Christ n'est plus.

    Les églises sont vides :

    elles ont comme perdu

    leur raison d'être.

    Plus de fleurs.

    Plus de lumière.

    La flamme de la Vie

    à jamais semble éteinte.

     

    Silence.

    Le silence rejoint

    le silence de Dieu,

    le silence de la tombe.

     

    Pourtant l'humanité n'est pas morte !

    Pourtant la vie continue !

    Pourtant l'homme ne s'arrête pas

    alors qu'il a perdu

    toute raison d'exister.

     

    Silence.

    Dieu est mort

    et l'humanité

    s'en est affranchie.

     

    Elle a rejeté

    ce Dieu qui l'a créée.

    Elle a rejeté

    ce Dieu mort pour elle,

    ce Dieu mort par elle,

    ce Dieu mort de trop l'aimer.

     

    Silence.

    Dieu a perdu.

    L'homme se condamne

    lui-même à l'enfer :

    enfer sur terre,

    enfer dans la mort.

     

    Silence.

    Le Fils de Dieu est mort.

    Le fils de l'Homme est mort.

    Nous avons dormi,

    nous l'avons laissé mourir

    à notre place,

    prendre notre place,

    prendre ce qui est inhérent

    à notre être même :

    nos peurs et nos péchés.

     

    Et nous n'avons pas changé,

    nous l'avons rejeté.

     

    Silence.

     

    Les cloches se sont tues.

    Les autels sont nus.

    Dieu n'est plus.

     

    Et pourtant

    l'homme s'agite

    dans l'inconscience absolue

    que sa vie est en jeu,

    qu'il peut y perdre

    pour toujours

    toute raison d'exister,

    toute raison d'aimer.

     

    Silence.

    Dieu n'est plus.

    La Croix est nue.

    Même elle,

    l'homme la regarde

    sans comprendre.

     

    © Cantate de la terre 2 - 3-4-2010


     

    Samedi Saint


     

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