• Femme vive, femme libre. Conclusion

    Femme vive

    Le Seigneur lui-même ne lui ôte pas le don de la réplique.

    Le voyage vers Burgos est dur, auquel s'ajoute la traversée de la rivière gonflée par l'inondation, la carriole engagée sur un pont recouvert par les eaux, un accident où elle est blessée à la jambe et son cri de reproche : "Seigneur ! Au milieu de tant de maux, celui-ci vient à point !  Le Seigneur lui répond : Térésa, c'est ainsi que je traite mes amis. Et Thérèse de répliquer : Mon Dieu, c'est pourquoi vous en avez si peu!"

    Elle n'est pas de ces saints renfrognés dont elle priait le ciel de la préserver. Elle donne elle-même, dans les récréations, l'exemple des chants et des danses. On montre encore au couvent d'Avila le tambourin dont elle se servait. N'oublions pas qu'elle est Espagnole et castillane de surcroît. Elle est joyeuse et ennemie de la mièvrerie, des momeries ou singeries, du pharisianisme. Elle est désinvolte dans le bon sens du terme.

    Quand Thérèse enjoint ses filles "de n'être femmes en rien", elle ne les convie nullement à se faire masculines. Elle leur demande de dépasser un niveau de faiblesse et de futilité trop souvent considéré comme le propre de la femme et dont elles pourraient se faire une excuse devant les tâches spirituelles.

    Elle refuse les parasites de la vocation féminine pour lui offrir, dans sa ligne propre, la plus haute efficacité.

    Humilité

    Elle ouvre un chemin de dépendance mais exclut tout sentiment d'infériorité. C'est la dépendance libre et magnifique en laquelle l'esprit de l'être humain se lie, dans le Christ, à l'Esprit de Dieu.

    Telle est le sens de l'humilité qu'elle réclame avec une grande insistance. Elle dit et redit : l'humilité est la source de l'oraison, la condition de l'amour, la base de l'édifice spirituel. L'humilité bien comprise, qui n'a rien à voir avec l'écrasement, la dévalorisation, la pusillanimité ou la servilité. L'humilité est une juste conscience de tout ce que nous devons à Dieu, de ce qu'Il est. Cette conscience devient de plus en plus connaissance intime au fur et mesure que nous vivons de l'Esprit de Dieu. Elle amène à la soumission à Dieu, librement consentie et à l'obéissance à des règles, à des êtres humains dont nous voyons la justesse dans l'amour et le respect de l'autre, qu'il soit l'Autre, Dieu, et l'autre, tout homme.

     

    Femme forte

    Femme, Thérèse l'est dans toutes les fibres de son être. Elle a l'art de rendre aimable ce qu'elle présente, et par là même, de persuader. Elle a cruellement été vilipendée. Mais par ceux qui ne l'ont pas approchée. Nul n'a pu l'approcher sans être conquis.

    Ceux qui voulaient discuter avec elle ne savaient pas à quelle forte partie ils s'attaquaient. L'évêque d'Avila, le Père Alvaro de Mendoza répétait avec obstination qu'il ne voulait pas de nonnes pauvres. Une heure d'entretien avec Thérèse le retourna complètement et pour la vie.

    Sa correspondance complète son portrait vivant et concret. On y trouve de tout ! Dans une même lettre, elle peut allier tous les genres : lettre d'affaires ou de circonstances, exhortation, édification, réprimande, remerciements. Avec sa fille de prédilection, la prieure du carmel de Séville, Marie de San José, elle passe des sujets les plus spirituels aux affaires du couvent, puis aux recettes de cuisine, aux médicaments, avant de causer "chiffons" avant de terminer par : " devenez une sainte autant que je le désire. "

    On sent une personnalité très forte, douée d'une présence extraordinaire. Le Provincial des Dominicains, agacé que son subordonné soit subjugué par cette femme, fut conquis à son tour et il dit au Père Bañez : " Vous m'avez trompé ! Ce n'est pas une femme ! C'est un homme et des plus barbus ! " Thérèse avait-elle du poil au menton ? Je ne sais ! Mais vous l'avez compris, il voulait ainsi signifier qu'elle était solide, volontaire, sachant ce qu'elle voulait, sachant se servir de son charme et son rayonnement. La femme forte de la Bible.

    Car elle a toujours été pleinement femme, consciemment et sans complexe.

    Un mot sur ses grâces mystiques. Extases, ravissements, visions, visites du Seigneur, transverbération, mariage spirituel. Elle a tout connu ! Mais pour lui donner force et courage dans les innombrables épreuves qu'elle a connues.

    Outre une santé déficiente, elle a frôlé plusieurs fois la mort, connu beaucoup de souffrances physiques, spirituelles, familiales, morales, affectives. Car elles aimait ses filles comme si elle les avait enfantées. Elle a aussi connu tribulations et contradictions. Elle a souvent déchaîné passions  et oppositions. De plus c'était l'époque de l'Inquisition. Toujours obéissante aux autorités, elle est restée libre par rapport à ce qu'elle entreprenait et aucun obstacle ne l'arrêtait.

    Il faudrait pouvoir détailler chacun des livres de Thérèse pour comprendre vraiment l'ampleur de son expérience, de sa connaissance ainsi que de son œuvre.

     

    Conclusion

    Au début de cette année, une dominicaine m'a rapporté une phrase de St Thomas d'Aquin : " Dieu ne nous donne pas ce que nous désirons mais ce que nous préférons. "

    Posons-nous la question. Ne cherchons pas dans notre tête. Prenons le temps de recevoir la réponse qui, peut-être, ne nous plaira pas forcément. Je serai étonnée si vous n'étiez pas surpris(e). Préférer :

                    - ce n'est ni vouloir

                    - ni obligatoirement aimer

                     -ni attendre

                    - ni désirer

                    - ni souhaiter.

    Il faut descendre profondément dans son cœur pour trouver un début de réponse, là où nous rejoignons Dieu. Lorsque nous commencerons à trouver cette réponse, nous découvrirons et comprendrons bien des passages de notre vie, de nous-mêmes. Nous commencerons aussi à trouver notre être de femme libre.

    Ce que Marie de Béthanie et Marie-Madeleine ont fait pour le Christ vivant, nous pouvons spirituellement le faire pour le Christ vivant en nous. Mais aussi pour l'Église qui est le Corps du Christ.

    Paul VI, dans son allocution aux membres de la Commission d'études sur la Femme dans la société et dans l'Église, nous dit :

    "l'égalisation des droits ne doit pas dégénérer en nivellement égalitaire et impersonnel. L'égalisation ne se préoccupe pas de ce qui convient ou ne convient pas à la femme. Il risque, par cela, soit de la viriliser indûment, soit de la dépersonnaliser. "

    Je cite encore l'encyclique sur la dignité de la femme de Jean Paul II :

    "Le féminin est symbole de tout l'humain. La Bible nous convainc du fait que l'on ne peut faire une herméneutique (interprétation des textes religieux) appropriée de l'homme, c'est-à-dire ce qui est 'humain' sans un recours approprié à ce qui est 'féminin'. D'où aussi cette affirmation d'un caractère prophétique de la femme dans sa féminité.

    Il n'est pas jusqu'à sa paternité que l'homme ne doive apprendre de la mère. Finalement, avance le Pape, Dieu confie l'homme, c'est-à-dire l'être humain aux femmes d'une manière spécifique. Et cette vocation est exercice éminent 'du sacerdoce royal' dont les femmes ne devraient cesser de se réjouir."

    Femme vive, femme libre. Conclusion


    Le Carmel Seint Jospeh d'Avila

       














    Femme vive, femme libre. ConclusionLe Carmel de Ségovie

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