• Cantate de la terre 2

  • « Est-ce que je crois aux fantômes ?

    Non, mais j’en ai peur. »

    Mme du Deffand

     

    Angoisse, frayeur, crainte, peur…

    Sous toutes ses formes, la peur,

    de plus en plus, envahit

    notre société et nos esprits.

    Elle incite au repli

    individualiste et frileux,

    renfermement nerveux.

    Peur viscérale,

    de l'homme, indissociable ;

    frayeur inhérente

    à la nature humaine.

    La violence émergeante

    engendre appréhensions et haine.

    Peurs résurgentes

    d'une époque révolue,

    souvent inconscientes.

    Angoisse de l'inconnu,

    crainte ancestrale,

    hantise machinale.

    Quelle qu'elle soit

    elle nous met aux abois,

    nous envahit et tourbillonne,

    elle nous environne.

     

    De l'abîme de nos méandres,

    la peur nous tenaille.

    Sans bien comprendre,

    elle nous assaille,

    se révèle maîtresse

    de nos actes ou démissions,

    de nos détresses,

    nos refus, nos compromissions.

    Elle nous pousse à renoncer

    avant de l'avoir dénoncée.

    Centre du monde

    nous devenons à nous-mêmes

    dans le combat qu'elle féconde

    et les débats qu'elle sème.

    Perception d'un danger possible,

    la peur a une racine

    souvent perfectible.

    Mais on imagine

    une anticipation de réalités

    et de scénarios faits et refaits :

    crainte de défaillances,

    de ne maîtriser l'évènement,

    peur de l'affrontement,

    de manquer de présence 

    d'esprit et de rapidité,

    sentiment d'insécurité…

     

    Nos peurs sont multiples;

    dans leur périple,

    elles nous rendent esclaves

    et nous entravent

    Nous refoulons nos peurs

    avant de les affronter.

     

    Le refus éhonté

    de notre frayeur

    nous conduit à la panique,

    perte du contrôle de soi,

    devenir fantomatique

    où phobies, effrois

    mènent au déséquilibre.

     

    Affronter ses peurs,

    frayeurs et terreurs

    nous rend libres,

    dans la défiance

    de notre imaginaire.

    La reconnaissance

    de notre adversaire

    nous empêche de sombrer,

    de nous laisser submerger ;

    ou de nier et fuir

    et d'autrui nous servir,

    en utilisant leur peur en arme

    et le maintenir en alarme.

     

    Toute peur nous invite

    à accepter notre humanité

    et admettre notre pauvreté.

     

    Elle nous incite

    à l'humilité et la réflexion,

    traverser dans la confiance

    l'épreuve avec patience,

    suivre en sa résurrection

    Jésus-Christ qui prend la main

    de chacun pour marcher avec lui

    sur la mer, aujourd'hui

    et dans tous nos lendemains.

     

    ©29 décembre 2009

     

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  •  

    Qui nous fera voir le bonheur ?

    Ps 4,7

     

    Nous courrons après le bonheur

    et à côté, nous passons.

    Nous le rêvons

    plus que nous le vivons,

    nous voulons sa conquête.

    Nous cherchons des recettes

    bien terre à terre.

    Préoccupation séculaire,

    quête universelle,

    angoisse existentielle.

    La société tend des perches

    à notre recherche,

    plaisirs de façade,

    futiles et fades.

    Notre civilisation de publicité

    construit un bonheur stéréotypé.

    Elle nous impose une figure

    du bonheur dans une course

    à la jeunesse, à l'imposture,

    promesse de source

    de toute réussite.

    Elle nous précipite

    dans une décadence

    où brille par l'absence

    toute valeur véritable,

    solide et durable,

    morale et spirituelle,

    Si bien qu'on achète

    le bonheur et on l'empaquette.

     

    Joies artificielles

    où règne la désespérance,

    monde de performances

    qui crée et génère

    une ambiance mortifère.

     

    Bientôt nous congèlerons,

    comme un propriétaire,

    et ainsi nous garderons

    un bonheur bancaire

    pour nous en servir

    à notre convenance.

     

    Rien ne saurait fournir

    le bonheur : il devance

    toute velléité de capture

    et s'échappe, fragile,

    libre mais indocile.

    Il se sauve et n'a cure

    de tous ces gens

    qui, avec leur argent,

    veulent l'acheter.

    Inutile de le guetter.

      

    Mais qui est-il ?

    Il n'a pas de définition,

    aucune ambition.

    Il est si subtil !

    Il est plénitude, habitation

    mais pas acquisition.

    Il ne se mérite pas et jamais

    il n'est donné d'emblée.

    Né au fond de nous-mêmes,

    de notre capacité à être

    une âme qui aime,

    non pour elle-même,

    dans le don, ouverte à l'Autre.

    Il se nourrit des plaisirs

    simples que nous offre la vie.

    Il nous demande de consentir

    à lui ouvrir comme à un ami,

    de le protéger comme un enfant.

    Ne pas l'étaler, il est discret,

    même timide et secret.

    Il exige un cœur d'enfant

    pour accueillir sa visitation.

     

    19 décembre 2009

     

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  • La liberté n'est pas tant

    à choisir qu'à consentir.

    Père Monnier

     

    Sur la terre entière

    Eluard a écrit ton nom.

    De toutes nos prisons,

    nos barrières intérieures,

    il faut d'abord nous libérer.

     

    Liberté, mot retentissant !

    Liberté des peuples, des classes,

    liberté du travail, du sexe…

    L'être humain s'émancipant,

    il croit posséder toute liberté.

     

    Céder à tous nos caprices

    ne mène pas à la liberté.

    L'homme cherche à s'évader:

    La liberté est souvent créatrice

    pour affronter les réalités.

     

    Vouloir tout et n'importe quoi

    conduit à l'esclavage.

    Être libre n'est pas libertinage.

    La liberté se reçoit,

    elle ne s'acquiert ni ne s'achète

     

    On ne vole pas à sa conquête.

    Des contraintes, l'abolition

    n'entraîne pas à la libération,

    mais elle est précieuse quête

    dans une lente maturation.

     

    De bataille en bataille,

    d'abandon en abandon,

    de pardon en conversion,

    la liberté se taille

    un chemin véritable.

     

    De libération en libération,

    la liberté est un exode.

    Elle ne s'accommode

    d'aucune compromission

    malgré nos obligations.

     

    Prisonnier de notre être,

    obéir à nos impulsions

    est tout simplement notre prison.

    Dans la vérité, se connaître

    aide à trouver la liberté.

     

    Sentier de purification,

    jaillissement d'un divin ailleurs

    où va puiser les profondeurs

    de notre âme, la libération

    ouvre à l'espace de Dieu.

     

    Malgré ce que nous subissons

    - nous ne l'avons pas choisi -,

    Seul Jésus nous apprend dans la vie

    que marcher avec Lui à l'unisson

    nous ouvre à la vraie liberté.

     

    3 décembre 2009

     

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  • Silence ?

    Le silence est un défi,

    Tant de bruit nous emplit !

    Quel silence ?

    Le silence absolu existe ?

    Le bruit persiste

    dans le silence même.

    Tout est bruit !

    Bruit infime ou extrême,

    bruit d'autrui,

    bruit de circuits.

    Notre société est bruyante,

    notre technologie est bruyante

    de jour comme de nuit.

    Le bruit s'est incrusté,

    il envahit nos maisons

    et nos appareils ménagers

    pullulent à foison

    de déclics sourds et grinçants,

    de craquements perçants,

    de bourdonnements agaçants.

    Claquements, vrombissements,

    échappements, grondements,

    miaulements, aboiements,

    vacarme et hurlements

    d'enfants ou de sonos,

    avions, autos, motos…

     Tout émet un son, un bruit.

    Certains, dans le bruit, se vautrent,

    en instaurent la loi,

    pour fuit la rencontre,

    fuite de soi, hors de soi.

    Dans une culture de bruit,

    nous devenons otages du bruit

    comme une fatalité.

    Dure réalité !

     Nous-mêmes sommes bruits :

    agitation perpétuelle de nos pensées,

    constructions de scénarios insensés,

    notre folle du logis nous nuit,

    mixages de revendications,

    brassages de justifications.

    Le silence absolu n'existe pas.

    Il est grignoté pas à pas

    par tant de sonorités.

    Elles utilisent des stratagèmes

    pour nous détourner de nous-mêmes,

    de la recherche d'intériorité.

     Le monde et sa précipitation,

    nos vies et leur agitation

    nous entraînent dans le brouhaha

    et nous perdons la Parole

    jaillit du silence dans l'anonymat.

     

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  •  On agit,

                on s'agite,

                            on se dépense.

     

    Derrière le dévouement

    qu'est-ce qui se cache ?

    Un agir pour prouver,

    se prouver quoi ?

    N'est-ce pas une perche

    pour la négation de soi ?

    On croit se dévouer,

    mais qu'est-ce qui

    nous pousse ainsi

    trop souvent dans un faire

    pour penser être ?

     

    Il est plus facile

    de s'adonner à des actes,

    que de creuser

    en nous la vérité,

    pour avoir le sentiment d'exister,

    se croire nécessaire, une utilité,

    se libérer de sa fragilité,

    trouver une place, être reconnu.

    Meubler sa vie de futilités

    pour fuir l'impossibilité

    de regarder ses blessures à nu.

     

     

     

     

     

    Tant de masques portés ainsi !

    Cacher la pauvreté de son humanité :

    perpétuel conflit !

    Être errant à la recherche de soi-même

    et du sens de sa vie,

    plutôt que conquérir son intimité.

    Accomplissement toujours inachevé,

    perpétuelle négativité.

     

    L'homme se cherche

    sans trouver sa tranquillité.

    Il espère de la pitié

    dans la quête de sa liberté,

    dont il poursuit le rêve.

    Il ne connaîtra pas de trêve

    tant qu'en son centre,

    il n'aura trouvé la Trinité.

     

    30 novembre 2009

     

    Se dévouer

    Getty nimage

     

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