• Peluche

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         Je m'appelle Peluche : On ne m'a pas trouvé d'autre nom.

    Je ne suis pas une peluche, jouet que les enfants caressent dans tous les sens, puis tirent les oreilles, leurs en font voir de toutes les couleurs, les chouchoutent et leurs racontent milles histoires, des bisous à n'en plus respirer aux fessées on ne sait trop pourquoi, ou des colères à des avalanches de larmes.

        Je suis Peluche, la plus belle des peluches de la terre. Je ne dédaigne pas que quelques consoeurs ou des confrères soient plus beaux que moi car je ne cherche pas du tout à conquérir pour une " cany-star " quelconque.

        J'aime ce qui est beau, ainsi que la vie simple. Je le reconnais, je suis fière d'être belle et je suis tout aussi fière d'être Peluche, que l'on ne puisse s'exclamer un autre nom en me voyant. Tout de suite j'amène le sourire sur les lèvres, des étincelles d'amusement dans les yeux.

       Je ne suis pas une star, personne ne me connaît sauf le voisinage et pourtant je sème la joie autour de moi.

        Je ne suis rien d'extraordinaire : je suis une chienne ! Une chienne de compagnie. De taille conséquente, il faut le reconnaître. Je suis un Terre-Neuve, la crème des chiens. Je ne prétends pas être de pure race ni savoir très bien d'où je viens : Maîtresse s'en moque,  moi aussi.

       Pourquoi j'existe ? Parce que Maîtresse a besoin de moi. Elle m'aime beaucoup et je l'adore. Nous sommes inséparables.

        Mais Peluche ! Lorsque je me déplace, malgré mon poids, environ 60 kg et ma taille, j'ai tant de grâce, mes poils ondulent si bien, volent avec une telle légèreté et je suis si tendre que tout en moi évoque une peluche qui vous réchauffe, vous entoure de tendresse, de câlins,. Vous oubliez vos chagrins. Je ne vous donne qu'une envie : vous glisser entre mes pattes et vous blottir comme vous le feriez dans une vaste pelisse de fourrure, synthétique cela va de soi. Je ne tolèrerai aucune fourrure animale et malfaisance à un animal. C'est un des rares, peut-être le seul sujet qui me mette vraiment en colère. Je pourrais mordre, ce qui n'arrive qu'exceptionnellement et surtout pour immobiliser. Je n'aime pas que l'on fasse du mal à qui que ce soit et n'ai pas besoin de mordre pour rendre impuissant quelqu'un. Les enfants, dans leurs jeux, en savent quelque chose ! Mais ils y reviennent toujours. Alors quelquefois, de bonnes grâces, je les laisse m'immobiliser – croient-ils – un loupiot sur chacune de mes pattes.

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  •    Notre vie n'a rien de bien tumultueux, elle est au contraire très calme, un peu retirée.

       Les miracles existent et le Seigneur nous a fait plusieurs cadeaux dont le prêt de ce lieu, ce lieu où nous habitons actuellement.

       Quelle différence entre le Seigneur et Francis,  je ne sais pas. J'ai compris que nous devons pleins de choses à l'un et à l'autre, peut-être à l'un par l'autre. Je sens bien quand Maîtresse prie. Comme elle a mal au dos, elle s'installe confortablement sur son lit, se  détend, ferme les yeux, un demi sourire à la fois doux et douloureux. Je sais bien qu'elle ne dort pas. Là, personne n'a la permission de la déranger. Je suis seule à avoir le droit de rester aux pieds du lit.

       Pour en revenir aux dons du Seigneur ou de Francis,  je redoute la chaleur : dans ce cas, Peluche dort dans le coin le plus frais de la maison. Et de temps en temps une catapulte s'en va se jeter dans l'eau.

       Pour trouver un lieu qui convienne à ma maîtresse et à moi, cela n'a pas été simple : j'ai toujours chaud et ma maîtresse froid. Quand je dis froid, c'est impressionnant : elle peut bien être très couverte, quatre, cinq, sept vêtements, et grelotter, trembler, claquer des dents ou, simplement frissonner. Rien ne la réchauffe que le soleil et moi.  S'il n'y a pas de soleil, elle vient se blottir contre moi. Elle est une enfant qui a besoin de consolation. Je lui sers alors de nounou qui la prend dans ses bras et elle s'endort chaudement, sa tête sur mon épaule.  

       Il est sûr que le tableau a surpris plus d'une personne. Moi, je suis ravie.  

       Nous habitons un lieu de lumière, de gaieté, de fleurs. J'aime les fleurs, pas autant que Maîtresse. C'est beaucoup de travail, et c'est long pour voir venir le résultat. Ici tout le monde a son jardin. Dans notre quartier, ils sont agréables et sans prétention. Quelques légumes et herbes aromatiques, des fleurs pour égayer et pouvoir faire un bouquet régulièrement, enfin un tapis, coin de pelouse. Ici un jardinier entretien le plus gros, fait la taille. Maîtresse s'occupe du reste. C'est peut-être fatiguant mais ça lui fait le plus grand bien. Et elle aime tant les fleurs. Elle voudrait sans cesse en faire pousser de nouvelles. 

       Le printemps est arrivé et chaque jour, une petite merveille fait son apparition. Je la vois souvent mais je suis ravie parce que Maîtresse m'explique quelle fleur, me fait sentir son parfum.

        Je ne sais toujours pas qui il faut remercier de Dieu ou de Francis, alors je remercie les deux.   

     

       

     

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  •     J'avais commencé à vous expliquer que nous avons bien des lieux pour nous reposer.

       Mais ne nous trompons pas : nous avons notre lieu pour chaque moment de la journée : Le matin à la plage, Maîtresse se couche au soleil sur le sable. Ce qui est assez épique, car elle a énormément de mal à se lever et s'asseoir par terre. Elle amène un fauteuil pliable mais préfère le contact du sable. Comme je suis grande, haute, je lui sers de premier siège et nous glissons ensemble. Lorsque maîtresse est installée, je peux, tout en la surveillant, en profiter, m'amuser, aller dire bonjour à Jordin le pêcheur,  passer ma tête par les arceaux de la villa voisine où Misie ne manque pas de me faire son bisou et de me demander des nouvelles de maîtresse. Certains jours, j'ai ma petite friandise. Puis je regarde Jimmy, le fils de Marie, trop petit pour aller à l'école. Elle l'amène souvent près de Maîtresse. Elle sait que je vais très sérieusement surveiller les deux et amuser Jimmy. Pas difficile : une arabesque, deux pas dansants et une jolie agitation de ma queue comme un éventail. Voilà les esquisses qui s'envolent en éclats de rire.

     

       Qu'en pense Maîtresse ? Un demi sourire flotte sur son visage et elle se redresse en me disant :

    " Cabotine !"

    Je suis offusquée ! Estomaquée ! M'insulter ! Je prends mon air le plus sérieux, je fronce les sourcils, je m'assois bien droite et la regarde : " Mme ma maîtresse, vous me vexez ! Pitre, clown, séductrice, tout ce que vous voulez, mais cabot, c'est une injure ! Du respect pour ma dignité et ma bonté, s'il vous plait ! "

       Alors Maîtresse part d'un grand éclat de rire et m'appelle : " Viens ma Peluche, tu es jolie à craquer et gentille à croquer ! " Elle me tend les bras. Je résiste quelques secondes et m'y jette avec délices.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        

       Moi, bouder, je ne sais pas. Mais me traiter de cabot, je me fâcherai tout de bon un jour ou l'autre.

     

    P. 25

     

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  • P. 45-46

       Donc Maîtresse écrit. On dit que le propre de l'écrivain c'est d'écrire la nuit Mais il faut bien qu'elle récupère son sommeil: c'est souvent l'après-midi et la sieste se prolonge fréquemment jusqu'en fin de soirée.

       Dans ce cas je vais me promener après lui avoir servi un temps de peluche couverture jusqu'à ce qu'elle soit bien endormie  sur le canapé. Je fais un brin de sieste aussi puis m'échappe Je rejoins les garçons et Venlou ou je vais faire des petites visites aux enfants des voisins et une partie de jeux avec leurs chiens. Je reviens voir si tout va bien et repars.

       Entre temps Mariejska a commencé le ménage en pestant qu'il y a toujours des poils partout.

       Nous essayons par toutes sortes de moyens de réduire le problème. Un tissu recouvre le canapé, les fauteuils, etc… Il suffit de le secouer. Sans compter que je vais dans l'eau de la mer, je suis aussi lavée régulièrement. Il n'était pas question d'aller dans la baignoire, On a installé un robinet d'eau chaude à côté de l'arrivée d'eau froide du jardin pour que l'on puisse avoir de l'eau à la température choisie. C'est aussi bon pour les fleurs.

    Tous les jours, s'il ne fait pas trop froid, Maîtresse et moi nous installons au jardin et elle me brosse soigneusement. Elle mettait les poils dans un sac pour qu'ils ne s'éparpillent pas partout. Un jour nous sommes restées ahuries et avons pris un bon fou rire.

       Un oiseau, sous prétexte de picorer, mais surtout bien curieux de voir notre manège, s'approcha sans en avoir l'air, tourna un moment, s'appropria une touffe de duvet que Maîtresse m'avait enlevée et trouva cela très à son goût. Il la garda un petit moment puis l'attrapa et s'envola vite vers son nid. Une fois la touffe installée, il revint…à deux, Monsieur et Madame. C'est ainsi que très vite nous eûmes une petite armée d'oiseaux régulièrement au rendez vous pour attraper tous les duvets et poils avant qu'ils ne s'envolent.

       C'est très drôle !

       Quelquefois des disputes éclataient. Mais le jardin est nettoyé. Le manège a attiré des passants et de temps à autres nous avons quelques spectateurs.

     

     

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  •   Installée, les jambes allongées sur le canapé, je tente de lire. L'air délicieux entre du jardin déjà chargé de quelques effluves printanières.

    Peluche vient s'allonger à mes pieds, posant délicatement sa tête sur mes jambes. Nous sommes si bien. Un oiseau chante et picore près de la fenêtre.

       Peluche est fofolle et fantasque, apanages de la jeunesse et de l'innocence. Lorsqu'elle manifeste sa joie, son contentement par des roulades dans l'herbe, des cabrioles ou des courses folles autour du jardin, on ne peut s'empêcher de partager cette gaieté.

       Lorsqu'elle a appris ou compris quelque chose de nouveau, c'est un déferlement de joie qu'elle manifeste à sa façon.

       On dit " tel chien tel maître," c'est possible mais la réalité c'est " tel maître, tel chien."  C'est le maître qui éduque le chien et fait qu'il lui ressemble.

        Certaines races sont aptes, plus que d'autres à être éduquées, à devenir intelligentes. Comme les humains, on trouve des sots qui le resteront, des méchants qui le resteront et ceux qui vont évoluer parce qu'on les aime et on leur donne du temps pour apprendre. Il y a des chiens exceptionnels, de même il y a des gens exceptionnels. J'ai la chance que Peluche soit un chien exceptionnel.

       Elle est une leçon pour nous par son absolue confiance et sa fraîcheur. Si je pouvais mettre autant de confiance dans le Seigneur !

     

       Confortablement installées toutes les deux, dans  l'air parfumé, notre oiseau  vient de temps à autres se poser sur le rebord de la fenêtre.  Il n'ose tenter de rentrer sentant des étrangers..

    Tout contribue à créer des instants de bien être, de délicatesse, de plénitude.

    Mes mains caressent doucement la tête de Peluche. Elle s'étire d'aise et ronronne presque comme un chat.

       Calme, nous sommes délicieusement bien !                    

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