• Cancer ?

     Plus qu'une autre maladie, elle est ressentie comme extérieure à soi, comme un intrus qui a pénétré de force dans notre intérieur, une violation.

    Un étranger qui s'est installé et cherche à tout s'accaparer : vitalité, énergie, ressource, capacité à réagir, volonté, esprit.

     Et si ce vorace avait déjà fait des ravages partout ?

     Et s'il se multipliait à vive allure ?

    Et si…

    Et si…

    Le cancer du sein se guérit très bien.

    Et si…

    C'est le mal du siècle.

    Et si…

    Il atteint une personne sur deux.

    Et si…

    Et si l'on n'avait plus que six mois à vivre.

     

    Et si…

     

     Angoisse encore.

    Angoisse jusqu'au scanner.

    Les jours sont longs.

    S'occuper, fuir ses pensées.

    Essayer de se raisonner.

    Fuir le cinéma intérieur de l'esprit toujours en mouvement.

     

    Enfin le radiologue me délivre :

    Pas de métastase. Le cancer est bien cantonné.

    Tout à coup la vie reprend !

    L'avenir se redessine.

    Je saute les six prochains mois et j' échafaude des projets, rassurée de compter reprendre le cours de la vie là où je l'ai laissé.

     

    On minimise ou redonne au cancer une place bien assignée.

    Même si on ne peut l'empêcher d'agir en pique-assiette, on le cantonne, bien décidée à se battre pour l'éradiquer.

     

    Toute action paraissait futile.

    Maintenant l'envie de respirer à pleins poumons revient.

     

    Apprendre à goûter chaque jour.

    Mettre son énergie à passer ses enfers dans cette masse fibreuse.

    Ces enfers qui traînent en soi.

     

    Impatience de l'opération : elle nous débarrassera de notre intrus, nos peurs, nos souterrains malsains.

     

     

     

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